Ah Ruifeng! Ce n'est pas rien dans notre voyage! Que d'émotions dans cette petite bourgade!

Tout a commencé à Meishan, dernière ville avant de pénétrer dans les hautes terres. C'est de cette ville que débute la route 162, l'une des plus réputées du pays. Et elle ne nous a pas déçus. On s'était trompés de chemin et on aurait pu emprunter une autre route, mais on n'a pas hésité à revenir sur nos pas pour l'emprunter car on en avait entendu le plus grand bien. Taïwan, d'ailleurs, c'est aussi ça, c'est prendre son pied en roulant à gauche, à droite, dans les diverses forêts, en bord de mer ou en montagnes. Cette route grimpe assez sec et rapidement, on ne voit plus bien l'horizon car les nuages de pollution sont trop denses. Quel dommage! Les palmiers se dévoilent par milliers et donnent une sensation de légèreté et de pureté à la forêt. Puis, une fois le premier sommet atteint, aux environs du pont suspendu de Taiping, on découvre ce que l'on rêvait de revoir depuis longtemps, ce qui nous a fait essentiellement venir dans ce coin du pays: les collines de thé. On avait adoré à Cameron Highlands (Malaisie), on n'a pas moins aimé ici. Ces buissons donnent un aspect arrondi et propret aux collines, que l'on adore. Et c'est surtout dépaysant, on ne voit pas ça tous les jours.

Après près d'1h30 sur cette fameuse route 162 à admirer les nombreux paysages accidentés et les singes, on atteint Ruifeng. C'est assez étendu mais pas très peuplé. C'est en fait un ensemble de fermes et petites habitations parsemées dans les hautes collines. On était attendus, plus précisément au cottage B&B Iai Home Country. Découvert via un blog francophone, ce lieu nous avait tout de suite tapé à l'oeil et l'idée de nous y rendre a été très tentante. On ne savait juste pas quand on pourrait arriver sur place car on n'aime pas réserver à l'avance et être "emprisonnés" dans des délais à suivre. On a donc appelé le matin même pour réserver et quelle chance! Une cabane était disponible. Car oui, on dort dans des cabanes perchées. Elles s'avèrent assez spacieuses et réveillent notre âme d'enfant. On profite du balcon, de la vue sur le thé et la forêt en contrebas, le temps d'attendre le souper.

Un lourd son de cloche ameute les clients des cottages posés ici et là et les informe que le souper est prêt. On se rend donc à la salle à manger, sorte de hangar réaménagé et assez froid. Et là, on nous sert une multitude de petits plats traditionnels plutôt bons, donc c'est cool. C'est surtout le côté authentique qu'on recherchait qui nous plait. Chaque table accueille un couple et on en dénombre 5. On entend du français et l'envie de démarrer une discussion existe mais on profite de savourer nos petits plats tranquillement. C'est alors que l'hôte se démène pour parler un peu anglais et nous propose une petite balade nocturne dans les environs 30 minutes plus tard. On est clairement chauds. On finit donc de manger, on enfile une couche supplémentaire (on est en altitude et ça caille un peu quand même, faut pas croire...) et on se rend au point de rencontre. On retrouve 3 autres duos, dont 2 avec qui on sympathisera aisément, la barrière de la langue s'effondrant vu qu'ils parlent le français aussi. On aime bien toujours éviter les Français dans les longs tracés pour nous immiscer au mieux dans la culture locale, pour mieux l'expérimenter mais dans des spots tels que celui-ci, c'est toujours l'occasion de partager nos aventures, nos ressentis, nos émotions et conseils. L'hôtesse, parlant mieux anglais, nous guide ainsi dans les environs, nous apprenant de nombreuses choses sur la faune et la flore locale. Elle nous raconte aussi comment son papa a bâti de ses propres mains les diverses cabanes qui nous abriteront durant la nuit. Le parcours de la famille est touchant. Ils sont simples et adorent partager des moments de parole avec leurs visiteurs. On finit même par déguster des fruits exotiques sur l'une des terrasses. Miam, il y en a un qui est particulièrement bon. A la chair jaune, molle et ne se détachant pas facilement, il vaut mieux bien l'éplucher car sa peau "écailleuse" est du poison. C'est important bien faire les choses! Haha! On finit par blaguer encore près de 2 heures avec les 4 francophones, 2 françaises, tante et nièce aux origines chinoises (elles se débrouillent bien par ici et nous aident pour quelques traductions hehe) et un couple de ... Lausannois! Hey ouais, carrément, des Lausannois comme nous haha! On a bien ri et on a franchement bien sympathisé. Une superbe soirée dans un lieu féérique! Quand on vous dit que la vie est belle! :-)

Le lendemain, on se lève très tôt. Pourquoi? Et bien pour admirer le lever de soleil pardi. Les hôtes nous ont proposé de les suivre pour bénéficier des premières lueurs de l'aube en haut des collines de thé. Sachant qu'on allait en profiter le surlendemain, Tam était hésitante et moyennement chaude initialement par ce réveil aux aurores. Mais finalement elle a compris que c'était une opportunité qui ne se refusait pas et bien lui en a pris, merci ma Tam. On retrouve donc les autres voyageurs et on file tous dans notre voiture prendre encore plus de hauteur. 5-10 min plus tard, on arrive au sommet, au beau milieu des buissons. Quel paysage! C'est juste trop beau! En terme de lever de soleil, on a vu mieux car il est caché derrière les nuages mais la flore est tellement belle qu'on est aux anges. Le drone part évidemment en balade au-dessus de nous. Les images qu'il enregistre témoignent de l'étendue des plantations de thé. C'est assez phénoménal.

Plus tard, une expérience riche nous attend. On aperçoit des vieux Taïwanais partir à la cueillette des feuilles. On va essayer de discuter un peu avec eux. On se comprend surtout via le langage des signes mais les sourires en disent long. On se voit offrir des bananes qu'on ne peut que difficilement refuser alors on les accepte avec un autre grand sourire. Ils acceptent qu'on les suive lors de la récolte et nous montrent comment ils cueillent les feuilles. Ils ont beau être âgés, ils vont encore très vite pour récupérer leur or vert. L'une d'entre eux est toute contente que je lui donne un coup de main sur son buisson. J'ai sûrement moins bien fait qu'elle mais elle était surtout heureuse d'avoir transmis un savoir-faire. Merci messieurs dames, du plus profond du coeur, ce sont des moments qui touchent, qui marquent, qu'on gardera en nous.

Revenus aux cottages, on prend une bonne douche puis on file déjeuner et blaguer une dernière fois avec nos copains vaudois. Ils nous racontent leurs mésaventures pour découvrir le Green tunnel, sorte de "tunnel" naturel de bambou. Ils nous disent que c'est tout petit, tellement qu'ils se demandaient s'ils étaient au bon endroit. Ils nous disent aussi que le bitume fumait à cause de la chaleur. OK, après avoir encore remercié une dernière fois chaleureusement nos hôtes, on se laisse guider par le GPS qui nous fait quelques combines mais on finit par arriver à bon port. En effet, on voit de suite une route fumante devant nous. On parque donc la voiture sur un parking à proximité, pensant que ce ne soit pas une bonne idée d'y rouler. Et en effet ça valait mieux de faire ainsi. Après un virage, on tombe sur une quinzaine de locaux qui s'affairent sur la route avec une énorme machine occupant tout le chemin afin d'aplanir le goudron fraîchement déposé. On peine à les dépasser mais ils sont gentils et nous aident dans nos démarches. On se demande encore pourquoi ils étaient autant. Certains semblaient vraiment ne servir à rien! On continue notre chemin en se demandant si on va dans la bonne direction. A en croire les signes chinois qu'on a observés, ça devrait être bon. On essuie nos pieds en les tapant au sol ou en les frottant contre des feuilles. Pourquoi? Car le goudron fraîchement déposé, ça colle pardi et on en a plein les semelles. Après quelques minutes de marche, on découvre la fameuse forêt de bambous. En effet, c'est assez court. C'est certes joli mais ce nestorianisme pas non plus dingo dingo! On continue pour vérifier si c'est mieux plus loin. Après avoir été brièvement attaqués par des chiens (ils nous ont couru après en aboyant avant de finalement se réviser), on est retombés sur un nouveau "tunnel", plus dense et avec des places de pique-nique agencées. C'est plus beau qu'auparavant. Mais on va dire que s'il faut venir à Ruifeng, c'est surtout pour le thé. Le bambou, c'est secondaire. Sinon, il y a de nombreuses marches possibles dans les environs qui doivent assurément être jolies, tant les décors sont agréables. On y voit de nombreuses chutes. Mais il faut avoir beaucoup de temps, ce dont on ne dispose plus trop alors on file directement vers notre prochaine étape, Alishan. Du moins c'est ce qu'on pensait...